samedi 1 mars 2008

Les femmes dans la Grande Guerre

Comment les femmes sont elle présente dans la première guerre mondiale? Quelles en sont les conséquences ?

I Le soutien du soldat au front

1 les femmes infirmières
2 la correspondance
3 Les œuvres de charités



II Mobilisation à l’arrière

1 A l’usine
2 au foyer
3 dans les champs
4 vu par la propagande


III conséquences pour les femmes


1 émancipation sociale?
2 émancipation politique



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I Le soutien du soldat au front


1 les femmes infirmières


Les femmes s’impliquent plus directement dans un certain nombre d’emplois, voyons le cas de la femme infirmière.







Elle accompagne l’action des médecins qui opèrent sur le champ de bataille tout en consolant les blessés. La figure de l’infirmière est typiquement féminine : l’infirmière dont l’habit blanc est synonyme de pureté, guérit les corps et les âmes.
La plupart des infirmières travaillaient dans un hôpital mais le transport été périlleux, souvent trop long et surtout il pouvait se révélé dangereux.
C’est donc pourquoi elles devaient se trouver le plus près possible du front. Elles se retrouvaient alors dans des tentes à une distance minime du front malgré le danger que cela représentait. Bien qu’elles fassent preuve d’un courage exceptionnel, ces femmes étaient généralement volontaire et ne recevaient aucun salaire.
Evidement les conditions d’hygiène n’étaient pas propices à la guérison. De plus les outils de travail étaient sommaires et les médicaments le plus souvent déficients étaient remplacés par des produits plus accessibles mais moins efficaces voir inappropriés.
En 1916 toutes les ambulances étaient conduites par des femmes. De plus elles devaient pouvoir intervenir en toutes situations, des blessés du front au soldats gazés. Pour ces derniers elles devaient pratiquer la respiration artificielle.
En conclusion, les femmes n’ont pas hésité à s’engager pour tenter de sauver les soldats et apporter elles aussi leur soutien à la nation. Elles ont fait preuve d’un grand courage et ont prouvé qu’elles pouvaient affronter la peur, le front et les hommes. Elles furent nombreuses à donner leur vie pour sauver celle des combattants.

2 la correspondance

Les femmes jouent aussi un rôle important dans le bon moral des troupes : elles apportent parfois un réconfort physique, mais le plus souvent moral par leur présence à l’arrière lors des permissions ou par la correspondance entretenue avec les poilus.
La correspondance entre mari et femme et mère et fils permet de nous renseigner sur les différentes visions de la guerre.
Un exemple de correspondance :
À Amiens, Blanche épouse d’un médecin qui travaille au front à une vision différente de celle de son mari, et ce malgré la proximité du front. trad
En effet si l’on étudie de près leurs lettres on s’aperçoit alors que blanche perçoit les lumières et les bruits sourds des explosions, elle voit les soldats en permission et les gueules cassées revenant du front, mais elle n’arrive pas à mesurer la violence du combat et de la vie dans les tranchées. trd
Dans ses lettres on note aussi de la curiosité vis-à-vis de ce qui se passe au front et des préoccupations pour l’avenir. trad
À l’inverse, son mari est obnubilé par ce qu’il vit et voit quotidiennement au front, il n’arrive plus à penser à autre chose trd
Les femmes participent à la guerre mais ne la vivent pas de la même manière. Hommes et femmes ne seront donc pas marqués de la même façon.

http://www.famille-castanie.net/dn_correspondance-14-16/ ou http://www.famille-castanie.net/dn_correspondance-17-18/


3 Les œuvres de charités


La mise en place de marraines de guerres par des associations caritatives consiste ainsi a soutenir le soldat. Elles écrivent des lettres d'encouragement, envoient des colis aux soldats, qu'elles rencontrent parfois lors de leurs permissions. Ainsi, chaque soldat célibataire a toujours à l'arrière, une "marraine de guerre".
Les marraines de guerre ont aussi pour rôle de soutenir les combattants qui n’ont pas de familles ou qui se trouvent dans les zones occupées par les Allemands.
De nombreuses femmes portées par un élan de solidarité envers "les gueules cassées" vont dans les hôpitaux en tant qu’infirmière volontaire. De plus, la Croix-Rouge est une organisation très présente pendant la Grande Guerre. Elle effectue elle aussi des œuvres de charité.
Aux champs, dans les usines, dans les hôpitaux, les femmes ont répondu massivement dès 1914 à l'effort de guerre : c’est le travail, même bénévole, le quotidien du foyer à gérer seule, le soutien moral au soldat, … et aussi une mobilisation à l’arrière.


II Mobilisation des femmes à l’arrière

Pendant la guerre les femmes sont trop souvent oubliées, nous souligneront donc leur courage, car elles ont jouées un rôle important dans la guerre de 1914 à 1918. En France elles sont appelées à travailler par le chef de régiment, René Viviani le 7 Août 1914.Le président René Viviani qui croyait en une guerre courte lance un appel aux femmes.

« Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie. Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés ! Il n'y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime. Tout est grand qui sert le pays. Debout ! À l'action ! À l'œuvre ! Il y aura demain de la gloire pour tout le monde. »


1. Les Femmes et l’industrie

Nous pouvons dire en effet, que les femmes des villes ont beaucoup de courage,
particulièrement dans les nombreuses entreprises. Les femmes ont vraiment fabriquées en quatre ans, 300 millions d'obus et plus de six milliards de voitures. Elles
travaillent aux entreprises d'armement parfois plus de 10 heures par jour. Ces femmes sont appelées les "munitionnettes" notamment pour les usines Schneider.




L'emploi des femmes dans les usines Renault de Billancourt
La majorité des femmes qui travaillent pendant la guerre avaient déjà un emploi rémunéré. Mais elles se redistribuent, à la fois pour remplacer les ouvriers mobilisés et pour occuper des emplois dans l'armement. En France, comme presque partout ailleurs à l'Ouest, près de 40 % de la main-d'œuvre industrielle est féminine. À l'Est, c'est dans l'agriculture que ce pourcentage est le plus important. Après 1918, les femmes quittent peu à peu le secteur industriel, mais reste dans le secteur tertiaire.










Unité : Million de Française dans l‘industrie


La mobilisation d'une partie de la main-d’œuvre masculine entraînant la fermeture de nombreux établissements, beaucoup de femmes furent d'abord privées de travail. Dès 1915 cependant, la nécessité de rouvrir certaines usines et d'intensifier l'armement détermine un renversement de la situation .On se trouve devant une pénurie de main-d’œuvre. L'un des moyens utilisés pour y faire face sera l'appel à la main-d’œuvre féminine. Le pourcentage de personnel féminin est désormais partout en augmentation. Dans les industries touchant à l'armement, les femmes en arrivent à représenter le quart des effectifs. Un Comité du Travail Féminin est créé, en avril 1916, par arrêté du Sous Secrétaire d'Etat de l'artillerie et des munitions .Il recrute les ouvrières, s'occupe de les acheminer vers les usines d'armement, et d'organiser leur hébergement. Ce sont surtout des industries travaillant pour l'armement qui appellent les femmes à occuper des emplois exigeants des formations qu'elles ne possèdent pas. Dans quelques cas seulement on pratique, avec succès, une sélection et une formation accélérée du personnel féminin, en vue de son utilisation dans l'affûtage, la rectification des fraises, le traçage des gabarits. Mais, la plupart du temps, pour éviter d'avoir à leur donner une formation, même rapide, une réorganisation du travail qui permet de ne les charger que d'opérations élémentaires est mise en place. Dans la fabrication des obus, elles travaillent sur des tours dont le réglage est fait par des hommes occupés dans la même équipe, un homme surveillant et dirigeant le travail d'une dizaine de femmes. Désormais, les femmes distribuent aussi le courrier, s'occupent de tâches administratives, conduisent les tramways ...


2. les femmes dans l’industrie

Durant la première guerre mondiale, les femmes aux foyers doivent encore se consacrer, seules, à leur famille, patienter dans les files d’attente interminable (rationnement oblige) à peine de quoi manger ou se chauffer. Elles vivent dans la peur de perdre leur mari, leur fils, un parent ou un ami. Cette nouvelle situation des femmes ne dure que l’espace de la guerre, après, elles reprendront leur vie et retrouveront leur statu antérieur d’infériorité au travail et à la maison. Le manque de nourriture n’est pas la seule difficulté à laquelle doivent faire face les femmes, il est aussi difficile de se ravitailler en combustible de chauffage. La vie des femmes est aussi difficile en l’absence des hommes qui sont des maris, des fils, des frères. Elles vivent dans l’attente des nouvelles du front et dans l’angoisse de perdre un être cher. Ce sont de véritables souffrances morales. On décompte près de 630 000 veuves après le premier conflit mondial. Ce sont de nombreuses vies qui sont brisées par le premier conflit mondial, beaucoup de femmes resteront seules avec leurs enfants et devront se reconstruire moralement, tout en assurant la subsistance pour tout le foyer. Cette image représente une femme en 1916, s’occupant de son enfant en 1916.


3 les femmes agricultrice

Il est également intéressant de préciser le courage des femmes d'agriculteurs qui, dans une France encore à dominante rurale et agricole, ont dû assumer à partir de l'été 1914 les durs travaux des champs. En effet dès août 1914, les femmes doivent assurer le travail des champsDans les campagnes, elles retroussent leurs manches pour s'atteler aux travaux agricoles. La guerre rend la vie quotidienne des femmes difficiles, il s’agit tout d’abord de se procurer de la nourriture en temps de guerre au moment où les productions alimentaires se font plus rares. Les cultures sont moins productives en l’absence des hommes, d’animaux de traits et d’engrais. Il faut parfois faire la queue pendant de longs moments devant les magasins d’alimentation avant d’obtenir de la nourriture. Cet état de fait renforce la difficulté des travaux des femmes pendant la Première Guerre mondiale, car les corps sont affaiblis par les privations. Or, certains travaux des champs sont extrêmement physiques et éprouvants pour les corps féminins.. Elles ont le double de travail : le leur et celui de leur mari.


Aux champs
« À la ferme de la bonne église, la machine à battre ronfle… on travaille dur mais sans la gaîté des années précédentes. Plus de rires, plus de bons mots. Les figures sont graves si les bras sont agiles. Sur l’aire, des vieillards, des femmes, des enfants. Le travail est plus lent que les années précédentes, malgré l’activité de la fermière qui tâche de remplacer le mari, parti là-bas… »Disaient les femmes en temps de guerre.
La guerre commencée au moment des vendanges et des moissons, les femmes durent s’unir pour poursuivre : « il faut finir la moisson en réunissant les femmes, les jeunes qui ne sont pas encore mobilisable, les vieux qui ne le sont plus » (mémé Santerre) Le travail des moissons effectué par les femmes était très difficile. Elles durent apprendre à effectuer des travaux les plus durs et gérer leurs exploitations de la manière la plus rentable. Ainsi dans de nombreuses lettres des soldats à leurs femmes, ces derniers demandaient des nouvelles de la famille bien sur, mais également des moissons, vendanges ou autres travaux importants dans la vie des paysans. Ils profitaient pour donner des conseils à leurs femmes afin qu’elles ne soient pas désarmées face aux travaux et que les exploitations ne souffrent pas trop de leurs absences.


En conclusion, on peut donc dire qu’aux champs, dans les usines, dans les hôpitaux, les femmes ont répondu massivement dès 1914 à l'effort de guerre : c’est le travail, même bénévole, le quotidien du foyer à gérer seule, le soutien moral au soldat, avec l’aide des enfants embrigadés comme "graines de poilus"… Les femmes de la Grande Guerre, ont subi les douleurs de l'occupation et ont joué un rôle important dans la grande guerre. Malgré ces conditions d’une dureté extrême, les femmes ont non seulement assuré leur rôle traditionnel mais, en l’absence des hommes, en ont assumé de nouveaux pendant ce conflit. Les femmes n’ont pas hésité à s’engager pour tenter de sauver les soldats et apporter elles aussi leur soutien à la nation. Elles ont fait preuve d’un grand courage et ont prouvé qu’elles pouvaient affronter la peur, le front et les hommes. Elles furent nombreuses à donner leur vie pour sauver celle des combattants.

4 Les femmes dans la propagande



UNE VOCATION

- Que veux-tu faire quand tu seras grande, Suzette ?
- Moi, tourner des obus ...

(Dessin de PALLIER)



Dans La Baïonnette, la femme est montré portant un obus comme elle porterait un enfant. Si l’on ne sait pas que c’est un journal satirique, on pourrait croire que c’est de la propagande visant à montrer le bonheur des femmes qui travaillent.


Les femmes incarnent souvent la République et la patrie.

La religieuse est aussi montrée comme courageuse et son rôle est mise en valeur et honoré. La femme est ici montrée en infirmière et son image de pureté est utilisée contre les allemands qui seraient comme des « uns », violents, barbare et inhumain.





Sur ces cartes postales, ont voit les enfants en habit militaire et les femmes en train de tricoter pour les hommes au front et ce du côté français et du coté allemand. Ce sont bien là des images de propagande qui semblent dire que les femmes sont d’accord de faire de leurs enfants de la «chair à canon » et qu’elles travaillent assidûment pour leur soldat.








Sur toutes ces cartes postales ont voit les femmes et leur tricot avec à chaque fois en arrière plan une image du front : images de la femme dévouée à son mari ou son enfant. C’est donné une bonne raison aux femmes de participer à l’effort de guerre.


III) émancipation sociale, politique ?

On considère souvent que la Grande Guerre a marqué un tournant dans l’émancipation féminine. Mais s’il est vrai qu’elles obtiennent un nouveau statu durant la guerre, au moment de l’armistice, beaucoup de choses retournent comme avant. Pour apprécier les répercutions survenues au cours de la Guerre, il convient d’examiner, à travers le recensement de 1921, la répartition des femmes entre les différentes professions.
Dans les professions non industrielles, les conséquences de la Guerre sont visibles dans le doublement des effectifs féminins pour les services publics et administratifs. Le travail féminin qui ne touchait que le monde agricole et le prolétariat ouvrier gagne maintenant la bourgeoisie. Les bureaux, les professions libérales s'ouvrent aux femmes qui accèdent, parfois, à des postes de responsabilité: la condition féminine s'en trouve changée, le féminisme progresse.
Par contre, la situation de l’industrie est différente. En 1921, l’allemande constitue 35 % du personnel industriel alors qu’en France, sa place dans l’industrie retourne comme en 1906. En effet, il semble qu’une partie des femmes qui avaient exercées une activité professionnelle pendant la guerre soit rentrée dans leur foyer. L’augmentation de la natalité consécutive à la fin des hostilités a peut-être joué sur cette baisse des effectifs féminins au travail. Les pouvoirs publics ont d’ailleurs estimé dès la fin des hostilités que la plupart des femmes devaient abandonnées leur travail. Dès qu’on n’a plus réellement besoin d’elles dans l’industrie, leur salaire baisse.
Les avantages acquis n’ont donc pas été très durables. Le changement est superficiel et provisoire.
Il y a tout de même eut un changement de mentalité préparant une émancipation future et montrant de nouvelles possibilités sociales et politiques pour la femme.
En effet, la guerre montre que la femme peut avoir une place nouvelle dans la société. Signe de l'émancipation féminine ou tout au moins d’un changement de mentalité, la mode se transforme dans l'Entre-deux-guerres: cheveux courts, vêtements plus souple caractérisent "la Garçonne", qui choque par sa liberté d’allure.
Du point de vue de la politique, on ne peut pas dire qu’il y a eu une émancipation, à part du côté des allemandes qui obtiennent le droit de vote en 1919. En France, celui-ci avait été approuvé par l’Assemblée nationale mais il a été finalement rejeté par le sénat en 1922.



Travail de l’historienne Françoise Thébaud sur l’émancipation féminine de la Grande Guerre.

La guerre a-t-elle émancipé les femmes ? Malgré les analyses nuancées
des historiens, l’opinion commune répond souvent positivement,
particulièrement en France où s’est imposée dans les mémoires
l’image de la garçonne des années 1920. De fait, la question est et
reste heuristique pour une histoire des femmes stimulée par la problématique du progrès et la recherche d’une chronologie au féminin.
Trois âges historiographiques peuvent cependant être distingués. En montrant que la guerre n’est pas seulement une entreprise masculine, les premiers travaux, britanniques notamment, découvrent des femmes à des responsabilités et des métiers nouveaux : chefs de famille,
munitionnettes, conductrices de tramways, ambulancières près du front et même auxiliaires de l’armée. Ils utilisent les nombreuses sources qui commentent, caricaturent ou photographient la nouveauté : celles qui constituent dès les années de guerre, par l’intermédiaire
d’organisations féminines ou d’organismes officiels, une mémoire souvent hagiographique de la mobilisation féminine ; ou bien celles produites par l’histoire orale des années 1970, dynamique mais peu soucieuse alors du statut et de la contextualisation du témoignage. La
majorité des interviewées de Grande-Bretagne et de France ont exprimé un sentiment de libération, une fierté rétrospective, l’idée que rien ne fut plus comme avant. De nombreux contemporains ont d’ailleurs vu dans la guerre le ferment de l’émancipation des femmes.
Puis les historiens des années 1980 contestent la thèse de la guerre émancipatrice et montrent, après une relecture critique des sources et une approche plus genrée, le caractère soit provisoire soit superficiel des changements. Par sa nature, par le traumatisme qu’elle
engendre, la guerre leur paraît plutôt conservatrice, voire régressive, en matière de rapports entre les sexes. À leur tour, les années 1990 infléchissent les interprétations. Observant la situation belge, Éliane Gubin souligne que les paradoxes des réalités quotidiennes de l’entre-
deux-guerres et la persistance des discours traditionnels ont occulté d’importants changements dans la condition féminine (notamment quotidien et travail). La britannique Siân Reynolds décrit les lents processus de transformation à l’oeuvre dans l’entre-deux-guerres fran-
çais (mixité des lectures enfantines et des mouvements de jeunesse, perméabilité de la vie publique et reconnaissance de l’expertise des femmes en matière de politique sociale) et considère ces deux décennies comme une période de transition qui prépare des tournants futur. Angela Woollacott explore de nouveau l’expérience des munitionnettes britanniques, véritables Tommy’s sisters, pour en souligner les potentialités (ouvrir matériellement et symboliquement de nouvelles possibilités pour les femmes) et l’intégrer dans la mémoire culturelle britannique de la Grande Guerre. Cependant, plus nette-
ment que précédemment sont mis en avant la difficulté de conclure de manière univoque, l’importance de l’échelle d’observation (l’individu, le groupe, la collectivité) et de la chronologie observée (court, moyen ou long terme), l’incidence de l’angle d’approche (social, culturel, juridique, etc.) et plus encore le poids des différences entre femmes : différences de classe, d’âge, d’appartenance nationale, de lieu de résidence. La question de l’émancipation n’est-elle pas une question « occidentale », pouvant être posée pour des territoires non occupés, n’ayant pas trop souffert des pénuries et retrouvant rapidement une stabilité politique après-guerre ? En ces lieux, comment mesurer et apprécier une éventuelle émancipation ?
Des réponses incertaines :
Une première façon de répondre à la question est d’observer en détail
« les preuves » de l’émancipation. Loin de concerner tous les États
belligérants (notamment la France et la Belgique), l’obtention des
droits politiques, effectifs en Finlande depuis 1906 puis dans les pays
neutres et nordiques (Norvège, 1913 ; Danemark, 1915 ; Pays-Bas et
Suède, 1919) ne peut pas être considérée seulement (ni même priori
tairement) comme une récompense pour faits de guerre. De même,
après une démobilisation brutale fin 1918, les conséquences du conflit
sur le travail des femmes sont nuancées. La baisse globale de l’activité
féminine recouvre bien des changements en France comme dans
d’autres pays européens : recul des emplois domestiques, dénoncés
comme asservissants ; expansion du travail féminin à l’usine, du
moins dans la grande industrie moderne taylorisée (métallurgie légère
et industrie électrique) qui confie aux femmes, leçon de la guerre, les
travaux répétitifs non qualifiés; développement et féminisation des
emplois tertiaires grâce à un accès plus égalitaire aux études seconda-
res et supérieures. Les principales gagnantes de la guerre sont sur ce
point les jeunes filles de la bourgeoisie qui, plus encore que leurs
soeurs des milieux populaires, peuvent aussi bénéficier des modifica-
tions significatives des pratiques vestimentaires (abandon du corset,
des vêtements longs et ajustés, des chapeaux encombrants et parfois
des chignons) et d’une indéniable libération des moeurs qui se déploie
cependant à l’ombre du deuil, de l’ordre moral et de la répression des
pratiques contraceptives.
Une analyse genrée permet d’aller plus loin. Elle montre en effet qu’hommes et femmes vivent pendant ce conflit des expériences différentes et non synchrones ; que les rôles féminins restent toujours subordonnés aux rôles masculins, malgré un affrontement public sur le sens à donner aux expériences des unes et des autres (par exemple, la mobilisation féminine dans les usines de guerre) ; que les identités sexuelles sont bousculées mais que l’après-guerre tente une difficile restauration des relations anciennes entre les hommes et les femmes. Faire la paix, c’est aussi reconstruire sur ce point un équilibre menacé.
Une troisième façon de répondre à la question est de la contester et de souligner que la guerre est, avant tout et même en Occident, une épreuve pour les femmes comme pour les hommes. Aux mères et aux épouses, aux jeunes filles condamnées au célibat, elle apporte d’abord la souffrance de la séparation et de la disparition d’êtres chers, même si le deuil est inégalement partagé entre nations (un million trois cent mille soldats français sont morts, soit 10% de la population active masculine, un million huit cent mille en Allemagne, sept cent cin-
quante mille en Grande-Bretagne) et groupes sociaux : les longues
listes des monuments aux morts des villages français disent le tribut
payé par la France rurale et paysanne, sans compter les blessés et les
mutilés. Pour beaucoup, la guerre impose aussi des pénuries qui pè
sent particulièrement sur les femmes chargées de nourrir, vêtir, chauf
fer leurs familles, au prix de queues, de longs trajets et d’ingéniosité.
Si la France de l’arrière a froid mais n’a pas faim entre 1914 et 1918, si les ménagères britanniques sont seulement invitées à économiser et rationaliser le travail domestique, la situation est plus dramatique en Russie et dans les Empires centraux affamés où s’opposent profiteurs et femmes des milieux populaires. De mauvaises conditions de vie, le surmenage au travail, la pénurie de médecins font le lit des épidémies (la « grippe espagnole » en 1918-1919) et sont, dans bien des pays (le Royaume-Uni fait exception), cause de surmortalité à tous les âges de la vie. Si l’on connaît mal encore ce qui s’est passé près des fronts d’Orient, les exactions commises pendant les mois d’invasion puis les années d’occupation à l’Ouest (France du Nord-Est et Belgique) touchent essentiellement les femmes, directement confrontées à l’expérience de guerre : viols, travail forcé, déportation au sein de la zone occupée ou en Allemagne – « le crime allemand par excellence » ont dit les féministes de l’époque –, répression féroce en cas de résistance à l’occupant. Exécutée le 11 octobre 1915 en Belgique, l’infirmière anglaise Edith Cavell devint le symbole de la barbarie allemande. Peu transmis dans la mémoire collective notamment française – sans doute parce que les femmes en furent les principales victimes, que les zones occupées ne voulurent pas se distinguer du pays victorieux et que les atrocités de la Deuxième Guerre mondiale ont
envahi les mémoires, ces phénomènes de violence font l’objet
aujourd’hui d’une attention particulière des historiens. La réalité des conflits contemporains a bousculé l’idée de guerre émancipatrice pour les femmes ou, du moins, focalisé l’attention sur une autre facette de la guerre. Elle a sans doute suscité les recherches sur les violences sexuées de la Libération en France – les tontes de femmes accusées en 1944 et 1945 de collaboration avec les Allemands –, ainsi que la nouvelle approche de la Grande Guerre développée en France autour de Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker et l’Historial de Péronne. Dans L’enfant de l’ennemi qui parle du viol de guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau écrit que le débat autour du viol révèle « une conception ethnique et biologique de la guerre, à l’oeuvre dès 1914-1918 » et annonciatrice « des plus grands affrontements de notre siècle, dernière décennie incluse ». Mais la thèse du consentement et la prégnance d’une culture de guerre violente suscitent débat. Elle est contestée par d’autres historiens comme Antoine Prost ou Rémy Cazals qui en soulignent le caractère trop systématique et apportent maintes nuances : d’une part, la contrainte, le patriotisme, la fraternité des tranchées expliquent tout autant que le consentement le fait que les soldats et l’arrière aient tenu si longtemps ; d’autre part, la guerre n’annule pas les cultures précédentes, notamment celle de l’humanisation des conflits ou l’internationalisme.


7 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo! moi avec l'école je travaille sur ça alors ça ne vous dérange pas que je prenne le texte en faisant quelques modifications?


Merci les filles!!!

BoogieMan a dit…

Bonjour, j'aide une amie à réaliser son Travail de Fin d'Etudes et je lui ai proposé les femmes durant la première guerre mondiale, Origine de leur émancipation? Puis-je me servir de votre travail avec utilisation des références bien sûr?

Bien à vous,
Ahmed

E.AUGRIS a dit…

Si cela n'est pas destiné à être publié bien entendu. Il s'agit d'un travail réalisé par des élèves de Première qui utilisent elles-mêmes des travaux déjà réalisés.
Bon travail,
E.A.

BERTIN Micheline a dit…

Bonjour,
Je suis tombée tout à fait par hasard sur votre blog. J'écris une saga sur une famille dont les femmes sont le pilier.J'ai bien des photos ou des cartes postales, mais j'ai trouvé certaines des vôtres plus jolies. M'autoriserez-vous à en copier quelques-unes, en sachant bien sûr que je ne sais pas du tout si je serai éditée car je m'aperçois, alors que je suis au 2ème bouquin de cette saga, que les éditeurs actuelles ne s'intéressent pas du tout aux histoires de nos aïeules et de l'évolution des femmes. Sans histoire sous la ceinture, peu de chance d'être publiée.
En tous cas bravo pour ces mémoires de guerre.
Cordialement
M.B.

E.AUGRIS a dit…

Il s'agit d'un travail réalisé par des élèves de Première qui utilisent elles-mêmes des travaux déjà réalisés. Donc je ne peux pas vous autoriser à copier puisque je n'ai pas les droits sur ces images issues de différents sites ou ouvrages.
Bon travail,
E.A.

Louisette a dit…

Superbe article, bravo.
Bonjour belge
❤░E░X░E░L░L░E░N░T░❤
❤________________________❤
Bon 1 er mai et weekend!
✿ܓ✿ ♥ ✿ܓ✿

Anonyme a dit…

Très intéressant à lire aussi: http://lesvoyagesdejade.blogspot.fr/
qui pourras peut être vous intéresser! :)