vendredi 7 mars 2008










1°) Qui étaient les « Malgré-Nous » ?

a)Définition :
Le terme de « Malgré-nous » apparaît déjà en 1920 après la Première Guerre mondiale, où des associations d’anciens combattants alsaciens et mosellans de la Grande guerre créèrent ce mot pour mettre en avant le fait qu’ils avaient dû se battre, malgré eux, dans l’armée allemande (la Wehrmacht) contre la France[], l’Alsace et la Moselle étaient à cette époque rattachée à l’Allemagne suite à la défaite de 1871. Ils ont également été contraints de combattre dans la branche militaire de la SS (Waffen Ss) durant la seconde guerre mondiale.


b) Les nombres :
De 1942 à 1944, 130 000 Alsaciens et Mosellans ont été incorporés de force dans la Wehrmacht. L’Alsace et la Moselle occupées ont fourni 1% du total des forces armées allemandes, soit 130 000 hommes (100 000 Alsaciens et 30 000 Mosellans).
40 000 ne sont pas revenus. Les survivants sont partagés entre autojustification et mauvaise conscience.
L’Alsace et la Moselle, annexées de fait par Hitler étaient, depuis trois ans, sous administration nazie. Le 25 août 1942, le service militaire allemand est instauré pour les Alsaciens et les Mosellans par Gauleiter Wagner (gouverneur régional de l’Alsace annexée au grand Reich de Hitler depuis juin 1940). Beaucoup ont tenté d’y échapper, mais la plupart-les « malgré-nous »- ont dû se résoudre à servir la Wehrmacht ou la Luftwaffe. Certains ont été enrôlés dans les Waffen SS, un grand nombre a été envoyé sur le front de l’Est. 90 000 « malgré-nous » sont revenus, 20 000 sont morts, 20 000 sont toujours portés disparus.
Près de 10 000 femmes françaises, alsaciennes et mosellanes, ont aussi été envoyées en Allemagne pour y être « germanisées ». Certaines ont été affectées de force dans les services auxiliaires de l’armée ou dans les usines de guerre allemandes. Contrairement aux « malgré-nous », ces « malgré-elles » n’ont pas été indemnisées par l’Allemagne après guerre.


2°) Leurs conditions de vie :
Nombre d’entre eux seront fait prisonniers par l’armée soviétique durant la débâcle allemande. Et ils connaîtront, comme les militaires de l’Axe, les camps de détention soviétiques. Le plus connu est le camp de Tambov qui regroupa une grande partie des prisonniers français.
D’autres décidèrent de déserter la Wehrmacht pour se rendre à l’Armée rouge et ainsi, en tant que Français, rejoindre le général De Gaulle et la France libre. Les soviétiques n’avaient, dans leur grande majorité, pas connaissance du drame de ces Alsaciens et Mosellans. Beaucoup furent donc considérés comme des déserteurs ou des espions, et donc fusillés, victimes d’une double méprise. Les autres ont été déportés au camp de Tambov après un passage dans les mines de charbon de Karaganda. Dans un compte rendu du colloque de Hambourg sur le retour des prisonniers de guerre après 1945 :
« Les Alsaciens en uniforme allemand furent concentrés dans le camp de Tambov et subirent le sort de tous les prisonniers de la Wehrmacht, avec des conditions de vie très dures, un taux de mortalité élevé et des campagnes de rééducation antifasciste. Libérés en grande majorité durant l’automne 1945, une partie des «malgré-nous» passe pourtant plusieurs années supplémentaires en captivité. Accusés de crimes de guerre par les Soviétiques, ils se sentent trahis par la France Libre, et utilisés comme monnaie d’échange dans les négociations diplomatiques. Certains iront jusqu’à évoquer l’intervention de dirigeants communistes français afin de retarder leur retour, tant le témoignage de leur expérience ternirait l’image de l’Union soviétique. »
Sur une page éditée par l’Académie de Strasbourg, on peut lire :
« À Tambov, les conditions de détention sont effroyables. Les prisonniers y survivent dans une effarante promiscuité et dans une hygiène déplorable, à l’abri de baraques creusées à même le sol pour mieux résister au terrible hiver russe où la température descend en dessous de -30 °C. Un peu de soupe claire et environ 600 grammes de pain noir, presque immangeable, constituent la ration journalière estimée à 1340 calories (en comparaison, en 1944, les détenus d’Auschwitz recevaient 2 000 calories par jour). On estime qu’environ un homme sur deux mourait à Tambov après une durée moyenne d’internement inférieure à quatre mois. 10 000 français terminèrent ainsi leurs jours au camp de Tambov. »
Le dernier Malgré-nous libéré est Jean-Jacques Remetter, retourné chez lui en 1955.

3°) Après la guerre :
Dés la libération de l’alsace par les alliés et surtout après la défaite allemande, le rapatriement est difficile et le 1er janvier 1948, 10 000 jeunes du bas rhin étaient encore portés disparus
Une fois la guerre terminée, les malgré-nous ont été considérés comme des traîtres. Beaucoup d’entre eux ont été épurés, comme les collaborateurs, et les Horizontales ayant eu des relations avec l’occupant allemand.
Ils ont été fortement attaqués par les militants du Parti communiste français pour leurs dénonciations de la situation dans les camps d’internement soviétiques.

4°) Témoignages et séquelles
D’après l’étude psychologique du docteur Georges FEDERMANN qui a recueilli les témoignages de soldats « malgré-nous » au Centre de Réforme de Strasbourg qui dépend du ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre.
Monsieur L. dont le nom a été germanisé durant la guerre, se plaint de céphalées incoercibles, de troubles du sommeil « à se tirer une balle dans la tête ». Il est découragé et reste marqué par la hantise d’une invasion russe.
Monsieur B., lui, dès le retour de la guerre « en avait marre de tout », dit-il. Comme la plupart des captifs, il souffre de ruminations morbides, de cauchemars obsessionnels où dé­filent des scènes d’horreur. « On se foutait de tout, on était indifférent à la douleur et à la mort. »
Monsieur J. présente des manifestations anxio-dépressi­ves chroniques, de la tristesse et de l’amertume ainsi qu’un important sentiment d’inutilité et de culpabilité (le complexe du survivant).
Souvenirs précis, douloureux et itératifs qui envahissent le champ de la conscience quasi-quotidiennement et dont il est extrêmement difficile de parler à d’autres qu’à ceux qui les ont partagés. Rares sont les captifs qui considèrent ce passage de leur vie comme une partie de leur patrimoine existentiel dont il peut être important d’assurer la transmission aux gé­nérations futures.
Pour tout les malgré nous de cette guerre, la chose la plus dur à accepter était qu’il devait combattre avec un cœur français comme le témoigne Florentine THOMAS dans une interview paru dans l’express. (http://www.lexpress.fr/)
Certaines provocations faites aux soldats allemands aidaient à survivre moralement à cette dure épreuve comme le dit Lisette Baldensberger qui s’était collé une pièce de 50centimes sur le revers de l’uniforme et sifflait la Marseillaise au nez des allemands.

Témoignages :
Léon Laugel a pu avoir la fierté de ne pas avoir tiré un coup de fusil. Il témoigne somme toute des massacres auquel il a assisté pendant sa vie de malgré-nous débuté en 1943 à l’âge de 19ans. Il a pu voir de ses yeux l a tuerie de Oradour-sur-glane le 10juin 1944. Il faisait parti des 13 soldats alsaciens incorporés dans la division SS Das Reich. Comme beaucoup de malgré-nous, il a toujours le sentiment de se justifier de ne pas avoir fui l’incorporation.
Vidéo :

http://www.ina.fr/

MEMORIAUX :


Le mémorial du Rote-Rain
Association des Evadés et Incorporés de Force







Monument en hommage aux Malgré-nous dans le canton d’Obernai (Bas-Rhin)







FÉDÉRATION DES ANCIENS DE TAMBOV ET INTERNES EN RUSSIE :

Ce mémorial a été érigé en souvenir des 17000 morts alsaciens et mosellans incorporés de force dans la Wehrmacht ou dans d’autres formations militaires allemandes, par l’occupant, durant l’annexion de nos provinces de l’Est au 3ème Reich, de 1940 à 1945, abandonnées par le gouvernement de Vichy, et au mépris de toute légalité.

Ces victimes furent de jeunes gens et hommes nés entre 1906 et 1928, mobilisés du 16 octobre 1942 au 12 janvier 1945, sous la menace de déportation de la famille en cas de désertion.

Passés à l’Armée Rouge dès 1943, comme « évadés » ou comme prisonniers de guerre de la Wehrmacht « Malgré-eux », ils furent traînés de camps en camps, convertis de fait en « travailleurs de force sous-alimentés ».

Une grande partie d’entre eux fut rassemblée très tôt au sinistre camp de TAMBOV dit « camp des Français », à cause de l’importance de la communauté française à certaines époques.

La tyrannie, la sous-alimentation, les punitions arbitraires, le régime excessif de travail, la dégradation du moral collectif, les épidémies, le climat rude, l’habillement insuffisant, la promiscuité, le manque d’hygiène, tous ces facteurs eurent rapidement raison de la population captive. On évalue à environ 50 à 60% les pertes en vies humaines au camp de Tambov qui, de 1944 à 1945, décompta le passage de 68000 prisonniers de guerre de toutes nationalités parmi lesquels le « contingent français » fut le plus exploité.

Peu supportèrent ce régime de persécution psychique, de rations maigres et de travaux forcés auxquels ils n’étaient pas adaptés. Presque tous les survivants ont rapporté des séquelles incurables.

Six « Lazarets » et deux « hospitals » rudimentaires, antichambre de la mort, livraient chaque nuit, au petit matin, leur cargaison de cadavres, jetée ensuite pêle-mêle dans les charniers creusés par leurs camarades en forêt, aux alentours du camp.

Ce mémorial veut être un lieu de recueillement et de réflexion en hommage aux morts qui ont péri inutilement, sacrifiant leur jeune vie sans reproche, sachant que leur dépouille ne serait jamais rapatriée.

La plupart ont été livrés à la terre inhospitalière de Russie dans l’anonymat le plus complet. Des milliers de familles perdirent ainsi toute trace de leur fils, de leur mari, de leur père qui sont morts ni pour l’Allemagne ni pour la Russie, mais dans la fervente attente et l’espoir de regagner la France, leur patrie.

Les rescapés de ces camps russes, originaires d’Alsace et de Moselle ont gardé pieusement le souvenir de leurs camarades abandonnés qu’ils considèrent comme des « martyrs ».

Passants, vous aussi ne les oubliez pas !


1 commentaire:

E.AUGRIS a dit…

Assez bien, quelques redites.
Plan linéaire et chronologique et non pas thématique, allemand assez approximatif.